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La Slow Cosmétique selon Julien Kaibeck

 

 

Cosmeticien, aromatologue mais aussi chroniqueur web, radio et télé en Belgique et en France, Julien Kaibeck est le fondateur de la Slow Cosmétique. Si vous avez vécu au fond d’une grotte ces dernières années… petit cours de rattrapage :

Ce mouvement d’alter consommation milite depuis 2012 pour une cosmétique plus saine et plus écologique et attribue chaque année, la mention « Slow Cosmétique » aux marques les plus méritantes du secteur, respectueuses (pour de vrai ; -) de l’environnement.

Et comme Julien a de l’énergie à revendre, il trouve aussi le temps de publier régulièrement des ouvrages autour de la beauté et du bien-être au naturel.

Forcément, ça nous intéresse… Rencontre !

 

 

Aujourd’hui, consommer moins mais mieux c’est tendance et ce, dans tous les secteurs. Avez-vous conscience d’avoir fortement contribué au phénomène, particulièrement dans le domaine de la beauté ?

 

Oui, c’est certain. Lorsque j’ai fondé la Slow Cosmétique en 2012, le mouvement était déjà en route mais il y avait encore peu de voix qui « faisaient le buzz » en la matière. Depuis, des dizaines de blogueuses et influenceuses sont nées et s’inscrivent dans la tendance Green, et des milliers de consommateurs ont délaissé les cosmétiques conventionnels au moins en partie. On le voit dans les chiffres du marché de la cosmétique conventionnelle qui ne sont plus à la hausse, du moins en Occident et pour plusieurs canaux de distribution.

 

Une première bataille de gagnée… Comment est né le mouvement Slow Cosmétique ?

 

Il est né suite au succès de mon premier livre paru en 2012, devenu best-seller. Dans « Adoptez la Slow Cosmétique », j’invitais les consommateurs à consommer la beauté autrement et à se poser la question du sens qu’on donne à notre utilisation des cosmétiques. C’est dans les semaines qui ont suivi la sortie du livre que nous avons, avec plusieurs blogueuses et bénévoles, fondé l’Association Slow Cosmétique afin de « couler » le message dans le marbre et de le partager via des actions allant plus loin que le livre.

Aujourd’hui, l’Association Slow Cosmétique félicite des marques avec une Mention devenue gage de qualité, mais au départ ce n’était pas le cas, c’était juste la poursuite du livre dans le monde physique.

 

Et quelle progression depuis… c’était malin. A qui s’adresse le mouvement ?

 

Le mouvement Slow Cosmétique s’adresse à tous les consommateurs de cosmétiques. Cela concerne donc environ 80 % de la population car tout compte : le déo, le gel douche, le dentifrice autant que la crème de jour… Nos sympathisants sont à 85 % des femmes mais beaucoup d’hommes se passionnent pour le sujet aussi. Nous sommes actifs à l’international mais surtout en langues française et espagnole pour le moment.

 

Précisons aussi que cette tendance ne fait pas que du bien au corps et à l’environnement, elle agit aussi favorablement sur notre porte-monnaie. Avez-vous une estimation des économies faites si on l’applique à tous les produits de la salle de bain ?

 

Oui c’est une question récurrente. A dire vrai, il faut dépenser un peu plus au départ pour économiser ensuite. En effet, acheter quelques huiles végétales, un bon gel d’aloe vera, un savon à froid et quelques huiles essentielles pour commencer, cela coûte rapidement une centaine d’euros, mais ensuite on économise rapidement car on utilise ces produits pour plusieurs usages et du coup on achète moins de produits au total.

 

Un retour sur investissement à tous les niveaux donc… d’autant que ce sont des produits qui durent, on vide rarement son flacon d’huile végétale ou d’aloe vera en une fois ; -)

En 2012, on parlait peu des perturbateurs endocriniens et de tous leurs p’tits copains issus de la pétrochimie. Aujourd’hui, les consommateurs sont plus attentifs du coup, la cosmétique conventionnelle surfe sur la vague à grands coups de greenwashing… Comment s’y retrouver quand on ne maîtrise pas le sujet et surtout, par où commencer ?

 

On peut déjà visiter la page d’aide au décryptage des étiquettes proposée sur le site de notre Association.

Cette page est importante car elle se centre à la fois sur l’analyse d’une formule par le consommateur, mais aussi sur le décryptage des messages marketing. Pour aller plus loin ensuite, on peut se référer à des tutos dans mes ouvrages Slow Cosmétique.

Et si on ne souhaite pas apprendre à décrypter parce que c’est vrai que c’est un peu complexe et chronophage, alors on peut faire son shopping en direct auprès des artisans lauréats de la Mention Slow Cosmétique.

 

Vous avez pensé à tous les profils ! A ce jour, combien de marques ont été récompensées ?

 

Nous avons commencé à remettre la Mention Slow Cosmétique en 2013 à une vingtaine de marques, françaises et belges. Aujourd’hui, 157 marques portent la Mention Slow Cosmétique et elles sont réparties en France, Belgique, Espagne, Grande-Bretagne, aux USA et au Canada notamment.

 

Quels critères faut-il pour obtenir la mention ?

 

La Mention félicite uniquement des marques cosmétiques aux formules « propres » c’est-à-dire surtout écologiques et non polémiques, et au marketing « raisonnable » c’est-à-dire sans incohérences entre le discours et le produit, entre l’entreprise et le produit, etc. C’est un peu compliqué à résumer car notre jury évalue 85 critères qui ne pèsent pas tous le même poids, et au final la décision est collégiale et comprend à la fois une part de données factuelles et une part subjective.

 

Et au final, vous attribuez 1, 2 ou 3 étoiles en fonction de l’engagement des marques… Vous êtes un peu le guide Michelin de la cosmétique en somme ?

 

Oui tout à fait. Nous nous sommes d’ailleurs inspirés du Guide Michelin. La différence est que nous évaluons des cosmétiques uniquement en rapport avec la Charte Slow Cosmétique, nous ne jugeons pas de leur qualité dans l’absolu. En vérité, il n’y a pas de « mauvais » cosmétiques sur le marché actuellement. Mais il y en a par contre beaucoup qui polluent inutilement la planète ou notre corps, alors nous préférons féliciter ceux qui sont les plus écologiques et les plus sains.

 

D’ailleurs, avec votre chaîne You Tube et votre « Tribunal de la beauté », vous n’avez pas dû vous faire beaucoup de copains auprès des grandes marques ?!!

 

Ces vidéos datent d’avant mon livre, elles étaient tournées pour mon blog perso et sont un peu datées aujourd’hui. Elles ont eu pas mal de succès, mais à part une réaction négative et menaçante je n’ai pas eu de soucis, car en vérité je ne diffame pas, je décrypte seulement l’étiquette de produits de luxe d’une façon un peu décalée.

 

Mais vous mettez le doigt sur une vérité qui dérange… En tout cas, vos vidéos n’ont pas pris une ride ; -) Au-delà de la prise de conscience, acheter vos livres, c’est aussi apprendre à se former soi-même à un mode de vie plus sain et plus naturel…

 

Oui c’est vrai. Mes livres sont conçus comme des bouquins très pratiques et très didactiques, mais je fais toujours attention à les rendre amusants ou interpellants car la qualité et le sens des cosmétiques d’aujourd’hui est une question cruciale pour moi, qui va bien au-delà de quelques recettes.

 

 

 

 

Justement, parmi toutes les recettes proposées dans vos ouvrages et sur votre site lessentieldejulien.com quelle est votre préférée ou celle qui a rencontré le plus de succès ?

 

A ma grande surprise, c’est ma vieille recette de sérum anti-âge qui a toujours eu le plus de succès. Je reçois encore des courriels chaque semaine à son sujet. C’est une huile de beauté très puissante, à appliquer matin et soir sur le visage à raison de 2 ou 3 gouttes seulement. Elle est très efficace, surtout si on pratique un bon massage du visage. Mais elle ne convient pas si on a de l’acné, elle est plutôt destinée aux peaux inconfortables qui font face aux premières rides ou à l’âge.

 

Ok, vous en avez trop dit, vous êtes obligé de nous la faire partager maintenant…

  

 

 

 

Ha Ha ! Avec plaisir ! Dans un flacon en verre ambré ou bleuté de 30ml au moins, on verse successivement :

  • 10 ml d’huile végétale vierge et bio d’argan
  • 10 à 20 ml d’huile vierge et bio de rose musquée ou d’églantier
  • 4 gouttes d’huile essentielle de ciste ladanifère
  • 2 gouttes d’huile essentielle de géranium rosat.

On trouve tous ces ingrédients auprès des producteurs sur slow-cosmetique.com, mais il faut se munir d’un peu de matériel (1 flacon mesureur millilitres ou une seringue, 1 petit entonnoir, et le flacon avec pipette ou compte-goutte pour conserver le mélange).

 

Matériel également disponible sur le site. Quels sont les basiques indispensables pour réaliser ses propres produits ?

 

Tout d’abord, du bon sens, de l’hygiène et de bons produits ! Ensuite, de l’huile vierge « neutre » comme le noyau d’abricot ou la noisette pour les huiles de beauté ; du gel d’aloe vera de qualité Slow Cosmétique pour les oléogels, les sérums et les crèmes ; un peu de bicarbonate de soude pour les déodorants et les gommages ; et puis si possible, un peu de miel et de beurre de karité non raffiné pour les zones les plus sèches ou abîmées du corps.

 

Je vous fais un aveu…  Je n’ai jamais trouvé chaussure à mon pied avec le shampoing !

Certes, en cosmétique certifiée bio, on arrive maintenant, à trouver de bons produits, on peut aussi utiliser du shampoing solide voire devenir adepte du No-Poo (bof !) Quand on a les cheveux longs, difficile de rivaliser avec un shampoing ou un démélant conventionnel. A moins que je sois passée à côté DU bon plan ? Un conseil ?

 

Oui c’est vrai, le passage au shampoing vraiment naturel demande un peu d’adaptation, car un shampoing de qualité Slow Cosmétique par exemple ne contiendra pas de sulfates (il mousse donc moins), et pas de silicones ni agents antistatiques synthétiques (il démêle donc moins les cheveux et les assouplit moins). Mais récemment de belles innovations sont apparues comme le shampoing solide démêlant vegan Sweetie ou le shampoing sans sulfates Brillance de Transparence Cosmétique

 

Merci pour l’info ; -) A tester donc… Parallèlement à votre activité, vous publiez régulièrement des livres. Dernier né de la série : « Slow Cosmétique pour toute la famille ». Vous pouvez nous en dire plus ?

 

C’est un livre spécialement conçu pour celles et ceux qui ont des enfants ou des ados dans leur entourage. Il propose de remplacer pas à pas tous les produits dans la salle de bain de toute la famille par des alternatives Slow Cosmétique. C’est aussi un guide pour la grossesse, qu’on peut vivre en mode naturel si on apprend à bien utiliser les huiles et les produits adaptés.

 

Un petit précis à remettre entre toutes les mains donc, même les plus petites 

 

  

 

 

Quels-sont vos projets ?

 

J’ai à présent pas mal de travail de promotion à faire pour les artisans lauréats de la Mention Slow Cosmétique. Je les défends car ils représentent une vraie alternative pour nos salles de bain de demain, et sont encore à 90 % des petites PME qui ont besoin de soutien.

 

 Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour la suite ?

 

De vivre dans un monde qui soit le plus bienveillant et le plus éclairé possible. J’ai beaucoup de chance de mon côté et n’ai besoin de rien, alors je préfère souhaiter pour l’humanité qu’elle évolue vers plus de douceur, car nous vivons dans un monde en transition qui laisse parfois trop de place à la haine, aux réactions impulsives, au jugement… La bienveillance et la sérénité sont pourtant des valeurs cruciales pour ce qui nous attend.

 

Valeurs partagées… Merci Julien.

 

 

 

 

Entre toutes les mains… et visiblement, entre toutes les pattes ; -)